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aurait eu à endurer depuis la Conciergerie jusqu’au Champ-de-Mars.

Un écrivain illustre prétend que l’on conduisit Bailly sur la place de la Révolution, que l’échafaud y fut démonté sur la demande de la multitude, et qu’en suite on conduisit la victime jusqu’au Champ-de-Mars. Ce récit manque d’exactitude. Le jugement portait en termes très positifs, que, par exception, la place de la Révolution ne serait pas le théâtre du supplice de Bailly. Le cortége se rendit directement au lieu désigné.

L’historien déjà cité assure que l’instrument de mort fut remonté au bord de la Seine sur un tas d’ordures ; que cette opération dura plusieurs heures, et que pendant ce temps on traîna Bailly plusieurs fois autour du Champ-de-Mars.

Ces promenades sont imaginaires. Ceux qui à l’arrivée du lugubre cortége vociférèrent que la présence de l’ancien maire de Paris souillerait le champ de la Fédération, ne pouvaient, un moment après, l’y introduire pour lui en faire parcourir l’enceinte. En fait, l’illustre condamné resta sur la chaussée. L’idée si savamment cruelle attribuée aux acteurs de ces scènes hideuses, d’élever l’instrument fatal sur un tas d’ordures et au bord de la rivière, afin que Bailly pût apercevoir, à l’instant suprême, la maison de Chaillot où il avait composé ses ouvrages, se présenta si peu à l’esprit de la multitude, que la sentence s’exécuta dans le fossé, entre deux murs.

Je n’ai pas cru, Messieurs, devoir faire porter de force au condamné lui-même des pièces de l’instrument fatal ; il avait les mains liées derrière le dos. Dans mon récit,