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sonnes impartiales et sans système préconçu, mais par des ennemis politiques, autant dire par ce qu’il y a au monde de plus cruel, de plus impitoyable.

Bailly ne se fit pas défendre. Depuis sa comparution comme témoin dans le procès de Marie-Antoinette, notre confrère avait seulement composé et répandu, par la voie de l’impression, une pièce intitulée : Bailly à ses concitoyens. Elle se termine par ces paroles attendrissantes :

« Je n’ai gagné à la révolution que ce que mes concitoyens y ont gagné : la liberté et l’égalité. J’y ai perdu des places utiles, et ma fortune est presque détruite. Je serais heureux avec ce qui m’en reste et ma conscience pure ; mais, pour être heureux dans le repos de ma retraite, j’ai besoin, mes chers concitoyens, de votre estime : je sais bien que, tôt ou tard, vous me rendrez justice ; mais j’en ai besoin pendant que je vis et que je suis au milieu de vous. »

Notre confrère fut condamné à l’unanimité des voix. Il faudrait désespérer de l’avenir si une pareille unanimité ne frappait pas de stupeur les esprits amis de la justice et de l’humanité, si elle n’augmentait pas le nombre des adversaires décidés de tout tribunal politique.

Lorsque le président du tribunal interpella l’accusé, déjà déclaré coupable, pour savoir s’il avait quelques réclamations à présenter sur l’application de la peine, Bailly répondit :

«J’ai toujours fait exécuter la loi, je saurai m’y soumettre puisque vous en êtes l’organe. »

L’illustre condamné fut reconduit en prison.

Bailly avait dit dans l’Éloge de M. de Tressan : « La