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Bailly le jour de son jugement. On y lit « que les citoyens rassemblés au Champ-de-Mars n’avaient en rien manqué à la loi ; qu’ils demandaient seulement le temps de signer leur pétition avant de se retirer ; que la foule avait témoigné aux commissaires tous les égards imaginables et donné des marques de soumission à la loi et à ses organes. » Les conseillers municipaux, de retour à l’Hôtel de Ville, accompagnés d’une députation de douze des pétitionnaires, protestèrent vivement contre la proclamation de la loi martiale ; ils déclarèrent que si le drapeau rouge était déployé, on les regarderait, avec une grande apparence, comme des traîtres et des gens sans foi.

Vains efforts ; la colère des conseillers enfermés depuis le matin à l’Hôtel de Ville l’emporta sur l’opinion éclairée de ceux qu’on avait envoyés pour étudier scrupuleusement l’état des choses, qui s’étaient mêlés à la foule, qui revenaient après avoir pris avec elle des engagements rassurants.

Je pourrais invoquer le témoignage d’un de mes honorables confrères. Conduit par le beau temps, et quelque peu aussi par la curiosité, du côté du Champ-de-Mars, il put tout observer ; et il m’a assuré que jamais réunion ne montra moins de turbulence et d’esprit séditieux ; que les femmes et les enfants s’y montraient surtout en très grand nombre. N’est-il pas, d’ailleurs, parfaitement avéré aujourd’hui que dans la matinée du 17 juillet le club des Jacobins désavoua par des affiches imprimées tout projet de pétition, et que les hommes influents des Jacobins et des Cordeliers, que les hommes dont la présence eût pu donner au rassemblement le caractère dangereux d’une