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ses loyales convictions intactes. Vainement essaya-t-on, à plusieurs reprises, de transformer une légitime aversion pour les hommes en antipathie pour les principes. On se rappelle encore, en Bretagne, le débat qu’une de ces tentatives souleva entre notre confrère et un médecin vendéen, le docteur Blin. Jamais, au temps de sa plus grande faveur, le président de l’Assemblée nationale ne s’était exprimé avec plus de vivacité ; jamais il n’avait défendu notre première révolution avec plus d’éloquence. Naguère, à cette même place, je signalais à l’attention publique un autre de nos confrères (Condorcet), qui, déjà sous le coup d’une condamnation capitale, consacrait ses derniers moments à remettre en lumière les principes d’éternelle justice que les passions, que la folie des hommes n’avaient que trop obscurcis. À une époque de convictions molles ou intéressées et de honteuses capitulations de conscience, ces deux exemples de convictions inébranlables méritaient d’être remarqués. Je suis heureux de les avoir trouvés au sein de l’Académie des Sciences.

La tranquillité d’esprit n’est pas moins nécessaire que la vigueur d’intelligence à qui veut composer de grands ouvrages. Aussi, pendant son séjour à Nantes, Bailly n’essaya-t-il même pas d’ajouter à ses nombreuses productions scientifiques et littéraires. Le célèbre astronome passait sa vie à lire des romans. « Ma journée a été bien remplie, disait-il quelquefois avec un amer sourire : depuis mon lever, je me suis mis en mesure de donner, à qui voudra l’entendre, l’analyse des deux, des trois premiers volumes du roman nouveau que le cabinet de lecture vient de recevoir. » De temps en temps ses distrac-