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arriver au terme de son discours, lui apprend que, si la vapeur, véhicule d’une quantité énorme de chaleur latente, transporte rapidement ce calorique à tous les étages du plus vaste édifice, elle n’a jamais besoin de sortir des tuyaux imperméables dans lesquels s’opère la circulation ?

Au milieu des travaux variés que toute grande ville réclame, l’échevin croit, un certain jour, avoir découvert le moyen infaillible de se venger des spécialités. Guidé par les lumières de la géologie moderne, on a proposé d’aller, une immense sonde à la main, chercher dans les entrailles de la terre les incalculables masses d’eau qui, de toute éternité, y circulent sans aucun profit pour l’humanité, de les faire jaillir à la surface, de les répandre dans les quartiers, jusque-là délaissés, des grandes capitales, de profiter de leur température élevée pour chauffer économiquement les magnifiques serres de nos jardins publics, les salles d’asile, les cellules des pauvres malades dans les hôpitaux, les cabanons des aliénés. Suivant l’antique géologie de l’échevin, promulguée peut-être par sa nourrice, il n’y a pas de circulation d’eau sous terre ; en tout cas, l’eau souterraine ne peut être soumise à une force ascensionnelle et s’élever jusqu’à la surface ; sa température ne saurait différer de celle de l’eau des puits. L’échevin, cependant, donne son adhésion aux dispendieux travaux proposés. Ces travaux seront sans résultat matériel, dit-il ; mais, une fois pour toutes, de fantasques annonces recevront un solennel et rude démenti, et nous serons débarrassés à tout jamais du joug odieux sous lequel la science veut nous courber.