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par Leibnitz, et qui ne fait jamais usage des grandeurs des quantités.

Disons, enfin, que les spéculations d’un joueur du grand monde, du chevalier de Méré, firent naître, dans le siècle de Louis XIV, le calcul des probabilités, ou, du moins, tournèrent de ce côté les idées de Pascal et de Fermat, deux des plus grands génies dont la France puisse s’enorgueillir.

Cette dernière branche des mathématiques appliquées, quoiqu’un illustre géomètre l’ait appelée le sens commun réduit en calcul, n’a pas été reçue sans opposition.

Encore aujourd’hui, le public n’admet guère que des formules analytiques soient susceptibles de renfermer le secret des décisions judiciaires ; qu’elles puissent donner les valeurs comparatives des jugements prononcés par des tribunaux diversement constitués ; il n’adopte aussi qu’avec certaine répugnance, les limites numériques entre lesquelles on s’attache à renfermer le résultat moyen de plusieurs séries d’observations distinctes et plus ou moins concordantes. Quand il s’agit d’un ordre de problèmes moins subtils, de tous ceux qui se rapportent aux jeux il suffit de l’intelligence la plus vulgaire pour entrevoir que l’algèbre ait pu en faire son domaine ; mais, là même se rencontrent, dans les détails, dans les applications, des difficultés réelles très-dignes d’exercer la sagacité des hommes du métier.

Chacun comprend qu’il y aurait du péril à jouer, les mises étant égales, contre quelqu’un à qui les conditions du jeu donneraient plus de chances de gagner ; chacun aperçoit aussi du premier coup d’œil, que si les chances