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se trouvait heureuse d’avoir à sa tête l’homme éminent qui joignait à des lumières incontestées une loyauté, une modération et un patriotisme non moins appréciés.

Notre confrère présida ainsi les réunions du Tiers-État dans les mémorables journées qui décidèrent de la marche de notre grande révolution :

Par exemple, le 17 juin, lorsque les députés des Communes, fatigués des tergiversations des deux autres ordres, montrèrent qu’au besoin ils se passeraient de leur concours, adoptèrent résolument le titre d’Assemblée nationale, et se prémunirent contre les projets présumés de dissolution, en frappant d’illégalité toute levée de contribution qui n’aurait pas été consentie par l’Assemblée ;

Par exemple, le 20 juin, lorsque les membres de l’Assemblée nationale, blessés de ce qu’on avait fermé leur salle et suspendu leurs séances sans notification officielle, avec la simple formalité d’affiches et de crieurs publics, comme s’il s’était agi d’un spectacle, se réunirent dans un jeu de paume et « prêtèrent serment de ne jamais se séparer, de se rassembler partout où les circonstances l’exigeraient, jusqu’à ce que la constitution du royaume fût établie et affermie sur des fondements solides. »

Bailly, enfin, était encore à la tête de ses collègues le 23 juin, lorsque, par une inconvenance inexcusable, et qui peut-être ne fut pas sans quelque influence sur les événements de cette journée, les députés du Tiers furent retenus longtemps à la porte de service de la salle des séances et à la pluie, pendant que les députés des deux autres ordres, à qui on avait assigné une entrée plus décente, plus convenable, étaient déjà placés.