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nécessité d’examiner cet établissement. « Nous avons demandé, disait leur interprète, nous avons demandé au bureau de l’administration qu’il nous fût permis de voir cet hôpital avec détails, et accompagnés de quelqu’un qui pût nous guider et nous instruire… ; nous avions besoin de divers éléments ; nous les avons demandés et nous n’avons rien obtenu. »

Nous n’avons rien obtenu ! Telles sont les tristes, les incroyables paroles que des hommes si dignes de respect sont obligés de tracer à la première ligne de leur Rapport !

Quelle était donc l’autorité qui se permettait ainsi de manquer aux plus simples égards envers des commissaires investis de la confiance du roi, de l’Académie et du public ? Cette autorité se composait de divers administrateurs (le type, dit-on, n’est pas entièrement perdu) qui regardaient les pauvres comme leur patrimoine, qui leur consacraient une activité désintéressée, mais improductive ; qui souffraient impatiemment toute amélioration dont le germe ne s’était pas développé dans leurs têtes ou dans celles de quelques hommes, philanthropes par naissance ou par privilége d’emploi. Ah ! si par des soins éclairés et constants le vaste asile ouvert près de Notre-Dame, à la pauvreté et à la douleur, avait été déjà amené, il y a soixante ans, à un état seulement tolérable, on aurait compris, en faisant la part de notre humaine espèce, que les promoteurs de ce grand bienfait eussent repoussé un examen qui semblait mettre en question leur zèle et leurs lumières. Mais, hélas ! prenons dans l’œuvre de Bailly quelques traits du tableau modéré et fidèle qu’il a fait de l’Hôtel-Dieu, et vous déciderez, Messieurs, si la suscep-