Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/330

Cette page a été validée par deux contributeurs.


NOMINATION DE BAILLY À L’ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS.


En parlant d’une prétendue identité de l’Atlantide ou du royaume d’Ophir de Salomon avec l’Amérique, Bailly disait, dans sa quatorzième Lettre à Voltaire : « Ces idées étaient du siècle des érudits, et non du siècle des philosophes. » Ailleurs (dans la vingt et unième Lettre), on lisait ces mots : « Ne craignez point que je vous fatigue par une érudition pesante. » Avoir supposé que l’érudition peut être pesante et manquer de philosophie, c’était pour certains personnages du second ordre un crime irrémissible. Aussi les vit-on, excités par un sentiment haineux, s’armer du microscope, et chercher péniblement des inexactitudes dans les innombrables citations dont Bailly avait dû s’entourer. La moisson ne fut pas abondante ; cependant, ces fureteurs ardents parvinrent à découvrir quelques points faibles, quelques interprétations contestables. Leur joie alors ne connut plus de bornes. Bailly fut traité avec un superbe dédain : « Son érudition littéraire était très-superficielle ; il n’avait pas la clef du sanctuaire de l’antiquité ; les langues lui manquaient partout. »

Afin qu’on ne supposât pas qu’il pouvait être question, dans ces reproches, de littérature orientale, les adversaires de Bailly ajoutaient : « qu’il n’avait pas la moindre teinture des langues anciennes ; qu’il ne savait pas le latin. »

Il ne savait pas le latin ! Et ne voyez-vous pas, ennemis maladroits du grand astronome, que, s’il avait été