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corde de boyau de loup ne peut jamais vibrer à l’unisson de la corde de boyau d’agneau ; un désaccord d’atmosphères rend le phénomène possible. C’est encore un conflit d’émanations corporelles qui explique cet autre aphorisme d’un ancien philosophe : « Le son d’un tambour fait avec une peau de loup ôte toute sonorité au tambour fait avec une peau de brebis. »

Je m’arrête, Messieurs. Montesquieu a dit :

« Quand Dieu créa les cervelles humaines, il n’entendit pas les garantir. »

En résumé, la brochure de Servan, spirituelle, piquante, écrite avec agrément, était digne sous ce triple rapport, de l’accueil dont le public l’honora, mais elle n’ébranlait dans aucune de ses parties le travail limpide, majestueux, élégant, de Bailly. Le magistrat de Grenoble avait, disait-il, rencontré dans sa longue expérience, des hommes habitués à réfléchir sans rire, et d’autres hommes qui ne demandaient qu’à rire sans réfléchir. C’est aux premiers que pensait Bailly en composant son mémorable Rapport. Les Doutes d’un provincial n’étaient destinés qu’aux autres.

Ce fut encore à ces hommes légers et rieurs que Servan s’adressait exclusivement, quelque temps après, s’il est vrai que les Questions du jeune docteur Rhubarbini de Purgandis soient de lui.

Rhubarbini de Purgandis n’y va pas de main morte. Pour lui, le Rapport de Franklin, de Lavoisier, de Bailly, est, dans la vie scientifique de ces savants, ce que les Monades furent pour Leibnitz, les Tourbillons pour Descartes, le Commentaire sur l’Apocalypse pour Newton.