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guées, du chevalier Folard par exemple, empêchèrent-elles les convulsionnaires de devenir la risée de l’Europe ? Ne vit-on pas la duchesse du Maine elle-même rire d’une de leurs prouesses dans ce couplet spirituel :


Un décrotteur à la royale,
Du talon gauche estropié,
Obtint pour grâce spéciale,
D’être boiteux de l’autre pié.

L’autorité, poussée à bout, ne fut-elle pas obligée d’intervenir au moment où la multitude allait pousser la folie jusqu’à essayer de ressusciter des morts ? Ne se souvient-on pas, enfin, de ce distique si plaisant, affiché dans le temps sur la porte du cimetière de Saint-Médard :

De par le roi, défense à Dieu
D’opérer miracle en ce lieu !

Servan pouvait le savoir mieux que personne ; en matière de témoignage et sur des questions de fait complexes, la qualité doit toujours l’emporter sur la quantité ; ajoutons que la qualité ne résulte ni de titres nobiliaires, ni de la richesse, ni de la position sociale, ni d’un certain genre de célébrité. Ce qu’il faut chercher dans un témoin, c’est le calme de l’esprit et de l’âme ; ce sont des lumières, c’est une chose bien rare, malgré le nom qu’elle porte, le sens commun ; ce qu’il faut redouter surtout, c’est le goût inné de certaines personnes pour l’extraordinaire, le merveilleux, le paradoxal. Servan ne s’est nullement souvenu de ces préceptes dans la critique qu’il a faite de l’œuvre de Bailly.

Nous l’avons déjà remarqué, les commissaires de l’Académie et de la Faculté ne prétendirent pas que les