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loyales du rapporteur : « Les commissaires, surtout les médecins, ont fait une infinité d’expériences ; » il insinue sous toutes les formes que les académiciens acceptèrent un rôle entièrement passif. Mettant ainsi à l’écart les déclarations les plus formelles, feignant même d’oublier le nom, les titres du rapporteur, Servan ne voit plus devant lui qu’une seule classe d’adversaires, des docteurs régents de la Faculté de Paris, et il donne alors une pleine carrière à sa verve satirique. Il tient même à honneur qu’on ne croie pas à son impartialité. » Les médecins m’ont tué ; ce qu’il leur a plu de me laisser de vie ne vaut pas la peine, en vérité, que je cherche un terme plus doux… Depuis vingt ans, je suis toujours plus malade par les remèdes qu’on m’administre que par mes maux… Le magnétisme animal, fût-il une chimère, devrait être toléré ; il serait encore utile aux hommes, en sauvant plusieurs d’entre eux des dangers incontestables de la médecine vulgaire… Je désire que la médecine, tant accoutumée à se tromper, se trompe encore aujourd’hui, et que le fameux rapport ne soit qu’une grande erreur… » Au milieu de ces singulières déclarations, figurent par centaines des épigrammes beaucoup plus remarquables par leur tour ingénieux et piquant que par leur nouveauté. S’il était vrai, Messieurs, que le corps médical eût jamais essayé, pour en imposer sciemment au vulgaire, de cacher l’incertitude de ses connaissances, la fragilité de ses théories, le vague de ses conceptions, sous un jargon obscur et pédantesque, les immortels et joyeux sarcasmes de Molière n’auraient été qu’un acte de stricte justice. En tout cas, chaque chose à son temps ; or, vers