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dans le monde des idées. Les écrits qui, appuyés sur les déductions invincibles de la science, élèvent ainsi l’homme à ses propres yeux, trouveront des lecteurs reconnaissants dans tous les pays et dans tous les siècles.

Bailly avait envoyé, en 1775, le premier volume de son histoire à Voltaire. En le remerciant de son cadeau, l’illustre vieillard adressa à notre confrère une de ces lettres comme lui seul savait les écrire, où des formes spirituelles, flatteuses, s’alliaient toujours sans effort à une haute raison.

« J’ai bien des grâces à vous rendre, disait le patriarche de Ferney ; car, ayant reçu le même jour un gros livre de médecine et le vôtre, lorsque j’étais encore malade, je n’ai point ouvert le premier, j’ai déjà lu le second presque tout entier, et je me porte mieux. »

Voltaire avait lu, en effet, l’ouvrage de Bailly la plume à la main, et il proposait à l’illustre astronome des difficultés qui témoignaient à la fois de sa perspicacité infinie et d’une étonnante variété de connaissances. Bailly sentit alors la nécessité de développer des idées qui, dans son Histoire de l’astronomie ancienne, n’étaient qu’un accessoire à un objet principal. Tel fut le but du volume qu’il publia, en 1776, sous le titre de Lettres sur l’origine des sciences et sur celle des peuples de l’Asie, adressées à M. de Voltaire. L’auteur avertissait modestement « que, pour amener le lecteur, par l’intérêt du style, à l’intérêt de la question discutée », il placerait à la tête de son ouvrage trois lettres de l’auteur de Mérope, et il protestait contre l’idée qu’on lui avait prêtée de jouer avec des paradoxes.