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Condorect étaient d’ailleurs, par le style, beaucoup plus en harmonie avec ceux que l’Académie applaudissait depuis près de trois quarts de siècle. Avant la déclaration de la vacance, le 27 février 1773, d’Alembert disait à Voltaire à l’occasion du Recueil de Condorect : « Quelqu’un me demandait l’autre jour ce que je pensais de cet ouvrage. Je répondis en écrivant sur le frontispice : « Justice, justesse, savoir, clarté, précision, goût, élégance et noblesse. » Voltaire écrivait le 1er mars : « J’ai lu, en mourant, le petit livre de M. de Condorect ; cela est aussi bon en son genre que les Éloges de Fontenelle. Il y a une philosophie plus noble et plus modeste, quoique hardie. »

Quelque vivacité de paroles et d’action ne saurait être légitimement reprochée à celui qui marchait appuyé sur des convictions si nettes et sur un suffrage si imposant.

Dans les Éloges de Bailly, il en est un, celui de l’abbé de Lacaille, qui n’ayant pas été composé pour une académie littéraire, n’offre plus aucune trace d’enflure, de déclamation, et pourrait, ce me semble, lutter avec les meilleurs Éloges de Condorcet. Mais, chose singulière, cette excellente biographie contribua, peut-être tout autant que les démarches de d’Alembert, à faire échouer la candidature de Bailly. Vainement le célèbre astronome se flattait-il, dans son exorde, « que M. de Fouchy, qui déjà, comme secrétaire de l’Académie, avait payé son tribut à Lacaille, ne lui saurait pas mauvais gré d’être entré après lui dans la même carrière,… qu’il ne serait pas blâmé de répéter les éloges dus à un homme illustre. »

Bailly, en effet, ne fut pas blâmé à haute voix ; mais