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TRAVAUX LITTÉRAIRES DE BAILLY. — SES BIOGRAPHIES DE CHARLES V, DE LEIBNITZ, DE PIERRE CORNEILLE, DE MOLIÈRE.


Lorsque Bailly entra à l’Académie des sciences, Grandjean de Fouchy en était le secrétaire perpétuel. La mauvaise santé de ce savant estimable faisait prévoir une vacance prochaine. D’Alembert jeta les yeux sur Bailly, lui fit entrevoir la survivance de Fouchy, et l’invita, afin de préparer les voies, à composer des biographies. Bailly suivit le conseil de l’illustre géomètre, et choisit, pour sujet de ses études, les éloges proposés par diverses académies, et principalement par l’Académie française.

Depuis l’année 1671 jusqu’à l’année 1758, les sujets de prix proposés par l’Académie française étaient relatifs à des questions de dévotion et de morale. L’éloquence des concurrents avait eu ainsi à s’exercer successivement, sur la science du salut ; sur le mérite et la dignité du martyre ; sur la pureté de l’esprit et du corps ; sur le danger qu’il y a dans certaines voies qui paraissent sûres, etc., etc. Elle dut même paraphraser l’Ave Maria. Suivant les intentions formelles du fondateur (Balzac), chaque discours se terminait par une courte prière. Duclos pensa, en 1758, que cinq à six volumes de pareils sermons avaient dû épuiser la matière, et, sur sa proposition, l’Académie décida, qu’à l’avenir, elle prendrait pour sujet des prix d’éloquence, l’Éloge des grands hommes de la nation. Le maréchal de Saxe, Duguay-Trouin, Sully, d’Aguesseau, Descartes, figurèrent les premiers sur la liste. Plus tard, l’Académie se crut autorisée