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remarquer que les méthodes, à la fin du xviiie siècle, étaient loin d’avoir la perfection de celles dont on fait usage aujourd’hui, et qu’elles laissaient une assez large part à l’habileté personnelle de celui qui les employait.

Bailly demeurait au Louvre. Décidé à faire marcher de front la théorie et la pratique de l’astronomie, il fit établir un observatoire, dès l’année 1760, à l’une des croisées de l’étage supérieur de la galerie méridionale. Peut-être s’est-on étonné de m’entendre appeler du nom pompeux d'observatoire l’espace qu’occupait une croisée et le petit nombre d’instruments qu’il pouvait recevoir. J’admets ce sentiment, pourvu qu’on l’étende à l’Observatoire royal de l’époque, à l’ancienne masse de pierres, imposante et sévère, qui attire les regards des promeneurs de la grande allée du Luxembourg. Là aussi, les astronomes étaient obligés de se placer dans le vide des croisées ; là aussi, ils disaient, comme Bailly : Je ne puis vérifier mes quarts-de-cercle ni à l’horizon ni au zénith, car je n’aperçois ni le zénith ni l’horizon. Il faut bien qu’on le sache, dût cette déclaration contrarier les rêveries passionnées de deux ou trois écrivains sans autorité scientifique : la France ne possède un observatoire digne d’elle, digne de la science et capable de lutter avec les observatoires étrangers, que depuis dix à douze ans.

Les plus anciennes observations faites par Bailly, à l’une des fenêtres de l’étage supérieur de la galerie du Louvre qui donne sur le pont des Arts, datent du commencement de 1760. L’élève de Lacaille n’avait pas encore vingt-quatre ans. Ces observations sont relatives à une opposition de la planète de Mars. Dans la même