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les politesses d’usage, lui parla en ces termes : « J’ai été hier dans un jardin où se trouve un pied de begonia. Je me suis amusé à le regarder. De quelle famille rapprocheriez-vous ce genre ? — Puisque vous l’avez observé, répondit M. de Saint-Hilaire, vous me permettrez de vous demander ce que vous en pensez vous-même. — J’en ferais un groupe voisin des onagraires, repartit M. Ampère. » C’était précisément l’idée qu’un examen approfondi, exécuté dans les lieux où la plante végète naturellement en plein air, avait suggérée à M. de Saint-Hilaire. Nos deux confrères firent la faute de ne donner aucune publicité à la solution d’un problème dont l’hésitation de Jussieu montrait assez la difficulté. C’est dix ans plus tard que, d’après ses propres recherches, Lindley assigna au genre Begonia la place qu’il doit réellement occuper : cette place, qu’Ampère et M. Auguste Saint-Hilaire aperçurent les premiers.

N’êtes-vous pas étonnés, Messieurs, de trouver le nom d’un géomètre associé ainsi à celui d’illustres botanistes ?

Avant la catastrophe sanglante de Lyon, Ampère, âgé alors de dix-huit ans, faisant un examen attentif de sa vie passée, n’y voyait encore, disait-il, que trois points culminants, que trois circonstances dont l’influence sur son avenir dût être importante et décisive : c’était la première communion ; la lecture de l’Éloge de Descartes par Thomas ; c’était, enfin, je prévois votre étonnement, la prise de la Bastille !

De la première communion datait, chez notre confrère, l’existence réfléchie du sentiment religieux ; de la lecture de l’Éloge de Descartes, le goût, disons mieux, l’enthou-