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fiques phénomènes. Les Chaldéens créaient ainsi, qu’on me passe l’expression, l’astronomie contemplative. Leurs observations étaient peu nombreuses, peu exactes ; ils les avaient faites et discutées sans peine et sans fatigue.

Telle n’est pas, tant s’en faut, la position des modernes. La science a senti le besoin d’étudier les mouvements célestes dans leurs plus minutieuses circonstances. Les théories doivent expliquer les détails ; c’est leur pierre de touche ; c’est par les détails qu’elles s’affermissent ou s’écroulent. D’ailleurs, en astronomie, les plus imposantes vérités, les plus étonnants résultats se fondent sur la mesure de quantités d’une petitesse extrême. De telles mesures, bases actuelles de la science, exigent des attentions très-pénibles, des soins infinis, auxquels aucun savant ne voudrait s’astreindre, s’il n’était soutenu, encouragé par l’espoir d’arriver à quelque détermination capitale par une vocation décidée et ardente.

L’astronome moderne, vraiment digne de ce nom, doit renoncer aux distractions de la société, et même aux douceurs d’un sommeil non interrompu de quelques heures. Dans nos climats, pendant les saisons les plus rudes, le ciel est presque toujours caché par un épais rideau de nuages. Sous peine de renvoyer à des centaines d’années la vérification de tel ou tel point de théorie, il faut guetter les moindres éclaircies, en profiter sans retard.

Un vent favorable vient de dissiper les vapeurs dans la direction où va se manifester un phénomène important qui doit durer seulement quelques secondes. L’astronome, exposé à toutes les intempéries de l’air (c’est une condition d’exactitude), le corps douloureusement plié, dirige,