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Bailly le fils débuta, à seize ans, par un ouvrage sérieux et de longue haleine, par une tragédie.

Cette tragédie était intitulée Clotaire. Le sujet, puisé dans les premiers siècles de notre histoire, avait conduit Bailly, circonstance singulière et touchante, à raconter les tortures que la multitude séduite et barbare avait fait éprouver à un maire de Paris. L’ouvrage fut modestement soumis au comédien Lanoue, qui, tout en donnant à Bailly des encouragements flatteurs, le détourna franchement d’exposer Clotaire aux chances d’une représentation publique. Sur l’indication du comédien auteur, le poëte adolescent prit Iphigénie en Tauride pour sujet de sa seconde composition. Telle était son ardeur, qu’au bout de trois mois il avait déjà tracé le dernier vers du cinquième acte de la nouvelle tragédie, et qu’il courait à Passy pour solliciter la décision de l’auteur de Mahomet II. Cette fois, Lanoue crut apercevoir que son confiant ami n’était pas appelé à la carrière du théâtre, et il le lui déclara sans ménagements. Bailly écouta la sentence fatale avec plus de résignation qu’on n’en pouvait attendre d’un jeune homme dont l’amour-propre naissant recevait un si rude échec. Il jeta même incontinent ses deux tragédies au feu. En pareille circonstance, Fontenelle, dans sa jeunesse, montra moins de docilité. Si la tragédie d’Aspar disparut aussi dans les flammes, ce ne fut pas seulement sur la décision d’un ami ; l’auteur alla jusqu’à provoquer le jugement bruyant du parterre.

Certainement, aucun astronome ne regrettera que des appréciations, soit légères, soit mûrement réfléchies, des premières productions littéraires de Bailly, aient contri-