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de madame Vernet. J’ajouterai que, dans son désir supposé et fort inopportun de jouir des plaisirs de la campagne, Condorcet aurait été bien mal inspiré en se dirigeant sur Fontenay-aux-Roses, vers un plateau où il n’existe ni rivière ni le plus petit ruisseau, où l’on ne peut écouter la fuite des eaux qu’au moment d’une forte averse.

Les inexactitudes dans lesquelles des personnes mal informées ont entraîné M. de Lamartine m’ont conduit, au surplus, à la découverte d’un passage authentique qui ne peut laisser aucun doute sur les honorables motifs qui déterminèrent l’évasion de Condorcet, le 4 germinal an ii. Ce passage, je l’ai trouvé dans l’avertissement d’un Traité d’arithmétique publié par ce même M. Sarret, que j’ai pu citer si honorablement (page 220). Le voici :

« La veille du jour où Condorcet quitta son asile, un inconnu se présenta chez la propriétaire de la maison, sous prétexte de voir un appartement qui était à louer ; il fit connaître, par nombre de questions singulières et étrangères à l’objet qu’il disait l’avoir amené, qu’il n’était pas, comme le dit ensuite Condorcet, qui, de son réduit, avait entendu tout le colloque, un chercheur d’appartements, et qu’il savait ou au moins soupçonnait que quelqu’un était caché dans la maison. Il parla des visites pour le salpêtre, et donna à entendre que vraisemblablement on viendrait en faire ; ajoutant, et il le répéta plusieurs fois avec une sorte d’affectation, que si l’on avait quelque chose de précieux, il fallait y bien prendre garde, vu que ceux qui étaient chargés de ces visites n’étaient pas toujours des gens sur qui l’on pût compter.