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phe. » Ce passage exige une explication. Condorcet ne rédigeait pas la Chronique de Paris ; il écrivait dans ce journal, ce qui est fort différent, des articles signés de lui, et particulièrement le compte-rendu des séances de l’Assemblée nationale. Est-ce dans ces articles ou dans le corps du journal, dont Condorcet ne saurait être responsable, que l’auteur des Girondins a trouvé des palpitations de colère ? La question mérite d’être éclaircie. Au reste, dans un autre passage du tome i, page 96, M. de Lamartine, mieux inspiré, s’était contenté de dire lui-même : « Condorcet écrivait dans la Chronique de Paris. »

« Condorcet, haï de la cour, dit M. de Lamartine, la haïssait de la haine des transfuges. »

On est transfuge, suivant le Dictionnaire de l’Académie, quand on « abandonne son parti pour passer dans le parti contraire » : il faudrait donc, pour justifier l’accusation, prouver que l’ami de Voltaire, de d’Alembert, fut, à une époque quelconque de sa vie, du parti de la cour. On chercherait vainement une pareille preuve ; le contraire a dû frapper tous ceux qui connaissent en détail l’histoire politique et littéraire du xviiie siècle ; le marquis de Condorcet n’a peut-être été à la cour qu’une seule fois dans sa vie, le jour où, suivant l’usage, il fut présenté au roi comme membre de l’Académie française.

J’ai attribué la fuite inopinée de Condorcet, son départ subit de la rue Servandoni, à la crainte honorable qu’éprouvait l’illustre proscrit de compromettre par sa présence la femme qu’il appelait sa seconde mère, celle qui