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cesse ces paroles pleines de bon sens, de patriotisme, et qui malheureusement ne furent pas écoutées : « Occupezvous un peu moins de vous-mêmes, et un peu plus de la chose publique. »

Dans le volume ii, page 92, M. de Lamartine traite avec une grande sévérité les membres de la Société des amis des noirs, au nombre desquels il place avec raison Condorcet. Il les accuse « d’avoir lancé leurs principes sur les colonies comme une vengeance plutôt que comme une justice. Ces principes, ajoute-t-il, avaient éclaté sans préparation et sans prévoyance dans cette société coloniale, où la vérité n’avait d’autre organe que l’insurrection. »

En écrivant ces lignes, M. de Lamartine savait-il que déjà, en 1776, dans une note de l’Éloge de Pascal, Condorcet s’élevait contre l’esclavage des noirs ; qu’en 1781, il publiait un Mémoire intitulé : Réflexions sur l’esclavage des nègres ; qu’en février 1789, il adressait au corps électoral un écrit sur cette plaie de la société ; qu’en juin de la même année, il faisait paraître un écrit remarquable sur l’admission des députés des planteurs de Saint-Domingue ? Les projets d’émancipation détaillés dans ces deux derniers écrits ont cela de remarquable, que plusieurs des dispositions qu’on y trouve figurent dans les lois anglaises rendues postérieurement.

Dans le portrait qu’il a tracé de Condorcet, volume I, page 230 et suivantes, M. de Lamartine dit que le savant célèbre « rédigeait depuis 1789 la Chronique de Paris, journal où l’on sentait, ajoute l’auteur, les palpitations de la colère sous la main polie et froide du philoso-