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toires, beaucoup moins périlleuses, les perquisitions souvent renouvelées que des détachements de l’armée révolutionnaire iront opérer dans sa demeure d’Auteuil. Sur la demande des soldats, elle reproduira leurs traits avec le crayon ou le pinceau ; elle exercera sur eux la fascination du talent, et s’en fera presque des protecteurs. Dès que la peinture commencera à ne plus être lucrative, madame Condorcet, exempte de préjugés, n’hésitera pas à créer un magasin de lingerie dont les bénéfices seront exclusivement consacrés à d’anciens serviteurs. C’est là que, pour la première fois, depuis la révolution de 89, nous rencontrerons le nom du chef de notre secrétariat, de l’excellent M. Cardot. Plus tard, madame Condorcet sera l’habile traducteur de l’ouvrage d’Adam Smith sur les sentiments moraux, et publiera elle-même des lettres sur la sympathie, également dignes d’estime par la finesse des aperçus et par l’élégance du style.

Les premiers pas, les premiers succès de madame Condorcet dans la carrière d’abnégation personnelle, de sacrifices de tous les instants, de dévouement courageux dont je viens de tracer l’esquisse, devinrent un baume réparateur pour l’âme à demi anéantie du malheureux proscrit. Lui aussi, dès ce moment, se sentit capable d’un travail persévérant et sérieux. La force, la lucidité de son esprit, ne furent pas moins entières, dans la cellule sur laquelle veillait l’humanité héroïque de madame Vernet, qu’elles ne l’étaient vingt années auparavant, au secrétariat de l’Académie des sciences.

Le premier écrit composé par Condorcet, dans sa