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dorcet avait soulevés, se constitua tribunal souverain pour le jugement de Louis XVI. Notre confrère ne se récusa point.

Était-ce là, cependant, je me le demande, un de ces cas où, dans les corps politiques, les minorités doivent se courber aveuglément sous le joug des majorités ? La plus criminelle des usurpations est, sans contredit, celle du pouvoir judiciaire ; elle blesse à la fois l’intelligence et le cœur ; sur un pareil sujet, le témoignage de sa propre conscience peut-il être mis en balance avec le résultat matériel d’un scrutin ?

Ne portons pas, toutefois, notre sévérité à l’extrême : songeons qu’en pleine mer, au milieu de la tourmente, le plus intrépide matelot est quelquefois saisi de vertiges que le citadin timide, assis sur le rivage, n’a jamais éprouvés. Il eût été certainement plus romain de refuser les fonctions de juge ; il était plus humain, dans les idées de Condorcet, de les accepter.

Condorcet refusa de voter la peine de mort. — Toute autre peine lui semblait pouvoir être appliquée. Il se prononça pour l’appel au peuple.



DISCUSSION SUR LA CONSTITUTION DE L’AN II. — CONDORCET HORS LA LOI ; SA RETRAITE CHEZ MADAME VERNET ; SON ESQUISSE D’UN TABLEAU HISTORIQUE DES PROGRÈS DE L’ESPRIT HUMAIN. — FUITE DE CONDORCET ; SA MORT.


De tous les écrits de Condorcet, aucun n’exerça sur sa destinée une plus fatale influence que le projet de Constitution de l’an ii.

Au milieu des efforts incomparables que faisait la