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Vous le voyez, Messieurs, en temps de haines politiques, la réputation du plus honnête homme peut être compromise même par une équivoque.

À peine nommé à l’Assemblée législative, Condorect en devint un des secrétaires. Plus tard, il fut élevé à la présidence. De la timidité, une grande faiblesse de poumons, l’impossibilité de garder du sang-froid, de la présence d’esprit au milieu du bruit, des agitations, des mouvements tumultueux d’une nombreuse réunion, le tinrent éloigné de la tribune ; il n’y monta que dans des circonstances fort rares : mais quand l’Assemblée voulait adresser au peuple français, aux armées, aux factions intérieures, aux nations étrangères, des paroles graves et nobles, c’était presque toujours Condorcet qui devenait son organe officiel.

Pendant sa carrière législative, Condorcet s’occupa de l’organisation de l’instruction publique avec une attention toute particulière. Le fruit de ses réflexions sur cet objet capital a été consigné dans cinq Mémoires qui furent publiés par la Bibliothèque de l’homme public, et dans l’exposé des motifs du projet de loi présenté plus tard à l’Assemblée législative.

Condorcet s’est écarté entièrement des routes battues ; il a soumis à un examen approfondi jusqu’à ces institutions, à ces méthodes, qui, par l’universalité de leur adoption, semblaient en dehors de tout débat ; il en a fait jaillir des lumières nouvelles, des points de vue séduisants, inattendus, dignes de l’attention du législateur ami éclairé de son pays. Quelle que soit l’opinion qu’on adopte sur le fond des choses, tout lecteur impartial sera