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l’adresse célèbre que la ville présenta à l’Assemblée constituante pour demander la réforme d’une loi très-importante, de la loi qu’on venait de voter, et qui faisait dépendre le droit de cité et les autres droits politiques de la quotité des contributions. Les réclamations de Condorcet et de ses collègues ne restèrent pas sans effet.

Condorcet exerçait encore ses fonctions municipales, lorsqu’il demanda, mais cette fois en son nom personnel, que le roi fût toujours tenu de prendre ses ministres dans une liste d’éligibles, dont la formation eût figuré parmi les principales prérogatives de l’Assemblée représentative. Une pareille méthode empêcherait-elle de mauvais choix ? En vérité, je n’oserais pas l’affirmer. Je suis plus certain que la liste de candidats serait très-difficile à faire, et qu’elle donnerait lieu à de laborieux scrutins.

Condorcet était beaucoup plus dans le monde réel quand il signalait les dangers attachés à la création des assignats, quand il indiquait des moyens à peu près infaillibles de parer à tous les inconvénients de ce papier monnaie.

La fuite du roi et les circonstances de son retour jetèrent le découragement dans l’esprit des partisans les plus décidés du système monarchique. Les La Rochefoucauld, les Dupont de Nemours, etc., tinrent même des réunions où les moyens d’établir la république sans de trop violentes secousses étaient très-sérieusement discutés. Ce projet fut ensuite complétement abandonné. Condorcet, membre actif de ces débats extra-parlementaires, ne se crut pas lié par les décisions de la majorité à garder le secret sur les opinions qu’il avait émises. Il