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Il les peignait comme des imbéciles, et s’oubliait même au point de les comparer à des bêtes féroces. Sa brochure contre la libre circulation des grains avait d’ailleurs été publiée, d’une manière fort inopportune, entre les émeutes sanglantes de Dijon et de Paris.

C’est au lecteur de décider si celui-là avait bien le droit de se plaindre, qui, après s’être servi d’une dague, n’avait reçu de son adversaire qu’une piqûre d’épingle.

Je disais tout à l’heure comment Condorcet entra dans l’administration des monnaies ; il en sortit avec non moins de noblesse. Dès que Necker devint contrôleur général des finances, notre confrère écrivit à M. de Maurepas :

« Je me suis prononcé trop hautement sur les ouvrages de M. Necker et sur sa personne, pour que je puisse garder une place qui dépend de lui. Je serais fâché d’être dépouillé, et encore plus d’être épargné, par un homme dont j’aurais dit ce que ma conscience m’a forcé de dire de M. Necker. Permettez donc que ce soit entre vos mains que je remette ma démission. »

Condorcet n’épuisait pas tellement sa verve sur les hérésies contemporaines, qu’il ne lui en restât encore une bonne part pour combattre les erreurs des anciens auteurs, même des plus illustres.

Personne n’ignore que Pascal s’occupait, peu d’années avant sa mort, d’un ouvrage destiné à prouver la vérité de la religion chrétienne. Cet ouvrage ne fut pas achevé. D’Arnaud et Nicole en publièrent des extraits, sous le titre de : Pensées de M. Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets. Condorcet, soupçonnant que ce recueil