Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des unes aux autres et appelaient cela leurs projets ; de ceux, enfin, qui ne savaient ni jauger les eaux courantes, ni calculer leurs effets. Aussi s’empressa-t-il d’attacher à son administration trois géomètres de l’Académie des sciences : d’Alembert, Condorcet et Bossut. Leur mission était d’examiner les projets, et, plus encore, de remplir les lacunes de l’hydrodynamique qui, souvent, empêchaient de prononcer en connaissance de cause.

Cette création ne survécut pas à la destitution de Turgot. Malgré sa très-courte durée, elle a laissé dans la science des traces durables. Peut-être, cependant, ne s’est-on pas assez souvenu, dans plus d’une circonstance, de ce conseil contenu dans un mémoire de Cordorcet au ministre :

« Ne vous fiez qu’aux gens qui, eussent-ils joint la Loire au fleuve Jaune de la Chine, n’en auraient pas plus de vanité pour cela, et ne croiraient avoir eu besoin que de zèle et de quelques connaissances. »

L’extrait suivant d’une lettre de d’Alembert à Lagrange terminera dignement la courte notice que je viens de donner des travaux exécutés par les trois géomètres, amis de Turgot :

« On vous dira que je suis directeur des canaux de navigation avec 6,000 francs d’appointements. Fausseté ! Nous nous sommes chargés, MM. Condorcet, Bossut et moi, par amitié pour M. Turgot, de lui donner notre avis sur ces canaux ; mais nous avons refusé les appointements que monsieur le contrôleur des finances nous offrait pour cela. »

Lorsque Turgot, devenu ministre, voulut réaliser les