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dédommagements du tort, quelque léger qu’il soit, qu’on a pu faire à la plus modeste branche des connaissances humaines.

On a trop attendu de Monsieur plus que Fontenelle, comme Voltaire appelait notre confrère sur l’adresse de plusieurs lettres inédites que j’ai dans les mains, en espérant trouver dans ses éloges des chapitres complétement rédigés d’une future histoire des sciences. Condorcet ne commit pas la faute de présenter à son auditoire des aliments trop savoureux, des aliments qui n’auraient pas été acceptés.

Notre ancien secrétaire se distingue surtout par la plus éclatante impartialité, par les pensées philosophiques et d’un intérêt général qu’il jette à pleines mains au milieu des plus simples circonstances biographiques ; par son abnégation constante de tout ressentiment personnel, de tout esprit de coterie, de toute pensée d’amour-propre. Condorcet caractérisait aussi bien ses propres ouvrages que ceux de Franklin, quand il disait de ces derniers : « On y chercherait vainement une ligne qu’on puisse le soupçonner d’avoir écrite pour sa gloire. »

La longue carrière de Franklin elle-même n’offre certainement pas un trait de modestie plus franc, plus net, plus explicite que celui qui est contenu dans ce passage de l’éloge de Fontaine : « J’ai cru un moment, disait ce géomètre, qu’un jeune homme avec qui on m’avait mis en relation valait mieux que moi ; j’en étais jaloux, mais il m’a rassuré depuis. »

« Le jeune homme en question, ajoute Condorcet, est l’auteur de cet éloge. »