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consacrer la plus belle partie de sa vie ; c’est par des leçons rétribuées qu’il a toujours dû suppléer à l’insuffisance de sa fortune patrimoniale.

Une blessure grave qu’Ampère reçut au bras pendant sa première jeunesse, n’avait pas peu contribué à le priver de toute dextérité manuelle. Le premier emploi qu’on lui donne est, cependant, celui de professeur de physique, de chimie, d’astronomie, à l’école centrale du département de l’Ain. Le professeur de physique manquera inévitablement ses expériences, le chimiste brisera les appareils, l’astronome ne parviendra jamais à réunir deux astres dans le champ de la lunette d’un sextant ou d’un cercle à réflexion ; sont-ce là des difficultés réelles pour le type moderne qu’on appelle l’administrateur ? Ses fonctions lui donnent le droit de nommer. Une place devient vacante, il nomme, et tout est dit !

Ampère quitta Bourg pour occuper d’abord à Lyon une chaire de mathématiques pures, et plus tard, à Paris, l’emploi de répétiteur d’analyse à l’École Polytechnique. Dans ces nouvelles fonctions, il n’avait plus à manier des cornues, des machines électriques, des télescopes ; on pouvait donc compter, cette fois, sur un succès complet ; mais le savoir, mais le génie ne suffisent pas à celui qui se voue à l’enseignement d’une jeunesse vive, pétulante, moqueuse, habile à saisir les moindres ridicules et à les faire servir à son amusement. Pour ne pas donner prise à sa malicieuse sagacité, il faut avoir étudié, en vivant longtemps au milieu d’elle, ses goûts, ses allures, ses caprices, ses travers. L’homme qui s’est formé lui-même, qui n’a pas passé par les écoles publiques, manque d’un