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infiniment plus nombreux, dont tout l’avantage sur Ampère fut de trouver le secret d’être moins remarqués. Au reste, n’allez pas croire que les jugements, que les opinions dont je vais me rendre l’organe, et qu’il me serait si doux de faire prévaloir dans cet auditoire, reposent sur le fondement peu solide de bruits, de propos de société ; sur des actes mal connus et susceptibles de diverses interprétations. J’ai apprécié, j’ai jugé Ampère d’après une correspondance intime qui n’était pas destinée à voir le jour ; qui, même selon l’expresse recommandation de notre ami, aurait dû être brûlée. C’est dans un semblable document que je pouvais espérer de trouver la pensée d’Ampère, dégagée de tout alliage trompeur. C’est en lisant cette précieuse correspondance, que j’ai appris à aimer de plus en plus notre confrère. Y a-t-il beaucoup d’hommes qui gagneraient ainsi à être dépouillés du masque dont ils se couvrent généralement en public ?

Voilà de bien longues réflexions. Messieurs ; vous me les pardonnerez, si je dis qu’on se tromperait en les considérant comme un préambule : elles sont la réfutation directe, anticipée, des objections dont la dernière partie de cette Notice est menacée, même avant d’avoir reçu aucune publicité.

Ainsi que La Fontaine, avec lequel il avait plus d’un point de ressemblance, Ampère demeurait quelquefois isolé au milieu de la foule. De là, certaines bizarreries, certaines aberrations de langage, de tenue ou de costume, que devaient difficilement comprendre ceux qui jamais ne subirent la domination tyrannique d’une idée ou d’un