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empêcher les découragements, à faire obtenir à tous les justes récompenses de leurs travaux.

Pour atteindre complètement mon but, il eût fallu peut-être publier la correspondance entretenue par l’illustre astronome avec presque tous les savants célèbres qui ont répandu une si grande gloire sur la première partie du xixe siècle. Mais une telle entreprise est trop délicate pour être exécutée d’une manière utile et digne sans attendre que de longues années s’écoutent. Se borner a un très-petit nombre de documents suffisants pour faire connaître et l’homme et l’écrivain, m’a paru être le seul parti convenable à prendre.

Tous les grands hommes ont eu à soutenir des luttes contre leurs contemporains. M. Arago plus que tout autre devait passer par cette phase d’amertume et de trouble. Sa renommée était immense, comme sa popularité. Il portait ombrage à une foule de médiocrités. À une haute position scientifique conquise par de brillantes découvertes et par un labeur assidu, il joignait une influence politique considérable. Il n’en faut pas tant pour exciter des haines et des clameurs. Vers 839, les zoïles s’attroupèrent et voulurent démontrer que l’illustre directeur de l’Observatoire n’avait absolument rien produit d’original, que sa réputation de savant était usurpée. Ils remplirent plusieurs journaux de leurs diatribes. Ils trouvèrent enfin des complices ou des complaisants jusque dans le monde vraiment savant, jusque sur les fauteuils de l’Académie des sciences. La lecture de tous ces pamphlets à plus de vingt ans de distance laisse dans l’esprit