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nu ; mais pour s’assurer qu’elles ne tiennent pas à l’inégalité d’intensité des deux faisceaux polarisés en sens contraires, il suffit de renverser l’appareil, car alors les couleurs changeront aussi de place. Ainsi supposons que la lunette soit dirigée à l’orient, par exemple, et que le faisceau incident qui partant de l’ouest est réfléchi par le miroir soit plus vif que le faisceau transmis, les couleurs des deux segments seront distribuées dans le même ordre que si le seul faisceau réfléchi pénétrait dans l’appareil ; mais si l’on dirige ensuite la lunette vers l’ouest et que le miroir diaphane soit placé devant l’objectif de manière que la lumière réfléchie parte de l’orient, les couleurs des segments seront complémentaires de celles qu’on apercevait d’abord. Ainsi, dans le premier cas, les couleurs tenaient à ce que le faisceau incident qui se réfléchit était le plus vif, puisque, lorsque ce même faisceau traverse le verre, les teintes changent de nature.

« Malus s’était contenté de dire que sous l’angle de 35° la quantité de lumière qui se polarise par réfraction est proportionnelle à celle qui se réfléchit, ce qui est évident de soi-même ; mon expérience prouve que ces quantités sont parfaitement égales, non-seulement sous l’angle de 35°, mais encore sous toutes les inclinaisons où la lumière réfléchie n’est que partiellement polarisée. Il faudra donc désormais attribuer à la force qui polarise les rayons la propriété curieuse d’imprimer des modifications opposées à des quantités égales de molécules qui d’ailleurs suivent des routes différentes. J’indiquerai dans une autre circonstance les applications nombreuses qu’on peut faire de ce résultat.

« Les lames très-minces polarisant la lumière des anneaux de la même manière par réflexion que par réfraction, il était curieux de chercher comment elles agiraient sur la lumière blanche qu’elles réfléchissent et sur celle qui les traverse. Or, je me suis assuré par le moyen d’observations dont je viens de parler que les lames très-minces se comportent comme les plaques épaisses de verre, en sorte que sous toutes les incidences elles polarisent la même quantité de lumière par réflexion que par réfraction. »

Continuant à accumuler des preuves de la vérité de la théorie des ondulations, de la fausseté du système de l’émission ; constatant que toutes les découvertes nouvelles faites dans l’optique créaient des difficultés pres-