Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 13.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« M. Pouillet a reconnu qu’il n’est pas nécessaire que le rayon traverse la matière même de la lame qu’on place devant le miroir métallique pour former des anneaux. Si l’on y pratique un trou au travers duquel on fait passer la lumière, la portion qui est réfléchie irrégulièrement par le miroir et qui vient passer une seconde fois par le trou produit des anneaux colorés comme dans le cas précédent, ce qui montre que l’action inconnue qui émane des bords de l’ouverture fuite à la lame s’exerce à une distance sensible sur la lumière. La figure de cette ouverture peut être telle qu’on voudra ; on peut même la remplacer par le simple bord d’une lame opaque ; il se formera toujours des anneaux dont les diamètres suivent la loi ordinaire. L’auteur ne se prononce pas dans son Mémoire sur l’identité ou la différence de ces bandes avec celles que produit la diffraction.

« Jusqu’ici le Mémoire de M. Pouillet pourrait être considéré comme le complément du travail que le duc de Chaulnes avait inséré dans le Recueil de l’Académie pour 1755 ; mais l’expérience de la lame opaque présente un résultat nouveau. En effet, cet académicien rapporte qu’après avoir substitué un morceau de mousseline très-claire à la lame de talc, les anneaux circulaires étaient remplacés par des bandes colorées disposées dans le même ordre, mais qui étaient sensiblement carrées, quoique leurs angles fussent un peu arrondis ; et qu’une lame de rasoir, placée dans le rayon incident, fournissait seulement plusieurs traits diversement colorés. Du reste, Herschel a reconnu depuis longtemps que, pour produire des anneaux très-vifs avec un miroir métallique parfaitement poli, il suffit de jeter un peu de poussière dans le faisceau de lumière incidente. »

Je croyais également perdu le Mémoire dans lequel M. Arago avait démontré la loi importante qu’il a découverte en 1812 de l’égalité des quantités de lumière polarisée des faisceaux réfléchis et transmis. Mon illustre maître croyait se souvenir d’avoir communiqué ce Mémoire à la Société philomatique, mais faute d’une publication faite par lui-même à cette époque lointaine, il avait dû se borner, en 1851, à invoquer comme prise de date la mention que M. Biot avait faite de la loi