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les âmes honnêtes ? Voué ne Voyez donc plus de quels flots de mépris il accablait ces êtres, rebut de l’espèce humaine, parasites de tous les partis, de toutes tes opinions, et dont le métier est de chercher à arriver aux dignités par l’avilissement ?

Oui, Messieurs, celui-là avait le cœur chaud, qui brisé par une année de cruelles souffrances, qui vivant parmi les morts et mort parmi les vivants, suivant la belle expression d’un savant illustre, rassemblait, il y a cinq jours encore, les derniers restes de ses forces, pour s’associer à l’œuvre de progrès que ses amis politiques viennent d’entreprendre ; qui nous prêtait l’appui de son nom vénéré ; qui nous permettait d’invoquer au besoin l’autorité, toujours si respectable, des vœux et des paroles d’un mourant.

Adieu, mon cher Salverte, Repose en paix dans cette tombe que tu avais toi-même choisie, à côté de la compagne dont la mort prématurée a si tristement contribué à abréger tes jours. Ta mémoire n’a rien à redouter des atteintes empestées de la calomnie. Elle est sous une quadruple égide : les larmes d’une famille adorée, les bénédictions d’une population rurale parmi laquelle tu répandais tes bienfaits avec tant de discernement, la profonde vénération de tous tes collègues, la confiance illimitée d’un des arrondissements de la capitale les plus populeux et les plus éclairés. Vois ces électeurs à qui tu avais voué une si profonde affection ; ils se pressent en foule autour de tes restes inanimés ; ils viennent rendre hommage au député fidèle, incorruptible, persévérant, à l’homme qui ne croyait pas combiner de vaines paroles,