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des traits les plus honorables de sa carrière parlementaire. D’ailleurs, Messieurs, dans les questions où l’honneur, la dignité, les libertés de la France étaient en problème, toutes les fois qu’il fallut stipuler des secours en faveur des victimes de l’absolutisme, j’allais ajouter des victimes de notre faiblesse, de notre pusillanimité, le vote approbatif de notre collègue fut-il jamais incertain ?

Quant à ceux qui, se laissant abuser par certaines apparences, se sont trompés au point de prendre l’austérité de Salverte pour de la froideur, pour de la sécheresse d’âme, je leur demanderai s’ils ne l’ont pas vu bondir sur son siége pendant la discussion des lois de septembre ; s’ils ont oublié la vigueur, la vive persistance de ses attaques contre la loterie, cet impôt immoral, injustifiable, que t’administration prélevait naguère sur l’ignorance et la sottise.

N’est-ce pas, en très-grande partie, à l’indignation profonde, aux répugnances passionnées que toute institution contraire aux strictes règles de la morale excitait dans te cœur noble et élevé de notre ami, que ta ville de Paris est redevable de la suppression de ces maisons privilégiées, peuplées d’agents de l’administration publique, et qui n’en étaient pas moins de hideux tripots où la fortune et l’honneur des familles allaient chaque jour s’engloutir.

Salverte, dites-vous, était un homme froid, compassé ? Vous avez donc oublié, grand Dieu ! les colères juvéniles auxquelles il s’abandonnait, quand le journal du matin lui apportait la nouvelle d’un de ces revirements subits d’opinion, d’une de ces capitulations de conscience qui, si fréquemment, hélas ! depuis 1830, sont venus affliger