Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/737

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

résolut, surtout, de se soustraire au spectacle humiliant de l’occupation militaire de la France, et partit pour Genève.

Madame Salverte, cette femme si éminemment distinguée, si capable de comprendre notre ami, de s’associer à ses nobles sentiments, et dont la destinée avait été de s’unir à deux hommes qui, dans deux genres différents, ont également honoré la France, accompagna son mari dans cet exil volontaire qui dura cinq ans.

La vie publique, politique, militante de Salverte ne commença, à proprement parler, qu’en 1828. C’est en 1828 qu’un arrondissement électoral, composé des 3e et 5e arrondissements municipaux de Paris, confia à notre ami l’honneur de le représenter à la Chambre des députés. Cet honneur, sauf quelques semaines d’interruption, lui a depuis été toujours continué par un arrondissement, le 5e, où le patriotisme constant, inébranlable des électeurs a su comprendre et mettre en action l’adage bien ancien, mais si plein de vérité : « L’union fait la force. » Pendant ses onze années de carrière législative, Salverte a été un modèle de fermeté, d’indépendance, de zèle et d’assiduité. Si quelquefois les procès-verbaux de nos séances ont été lus en présence d’un seul député, ce député était M. Salverte. Je ne sache pas que jamais il lui soit non plus arrivé de quitter la séance avant d’avoir entendu sortir de la bouche du président les paroles sacramentelles : « La séance est levée. » Notre siècle est devenu éminemment paperassier. Bien des personnes ont mis en doute la nécessité des innombrables distributions officielles de discours, de rapports, de tableaux, de