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Je dis quelle difficulté le conseil municipal à vaincre, lorsqu’il est appelé à choisir des boursiers. Aujourd’hui du moins, ces faveurs ne s’accordent qu’à une personne dépourvue de fortune. Jadis il n’en était pas ainsi. Si vous parcouriez les anciennes listes, vous seriez sans doute étonnés d’y voir figurer des fils de lieutenants généraux, de pairs de France, de gens très-riches ; c’était véritablement intolérable.

La ville de Paris, au surplus, n’avait jamais eu le projet d’employer les sommes qu’elle dépense maintenant en bourses à des travaux de luxe, à des monuments ; elle avait pensé qu’on pouvait choisir dans les écoles primaires les enfants qui se seraient le plus distingués, ceux qui auraient fait prévoir qu’ils uniraient de l’intelligence une certaine habileté manuelle. Ces enfants auraient pu être placés en apprentissage : dispensés du service pénible qu’on impose aux élèves ordinaires, leurs succès eussent été rapides. Les arrangements avec les chefs d’établissements leur auraient permis de suivre des cours. Ces enfants seraient ainsi devenus l’honneur de l’industrie française, d’excellents chefs d’atelier, d’habiles contre-maîtres. Un pareil service eût été moins équivoque, moins problématique et certainement plus municipal que celui auquel on est forcé de pourvoir maintenant.

Ce n’est pas que la ville de Paris ait pu vouloir renoncer d’une manière absolue à donner des bourses, soit comme récompense de grands services, soit pour encourager de grands talents. Qu’on lui montre un J.- B. Rousseau en perspective dans la boutique d’un cordonnier, un Quinault auprès du four d’un boulanger, un Lambert (comme