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ils ne regardent leur entrée dans les armés spéciales que comme pis-aller, et ne songent qu’à en sortir pour entrer dans un établissement particulier ; ils n’y restent souvent qu’à contre-cœur.

Cela tient à la lenteur des premières études. On devrait enseigner le latin et le grec comme on enseigne l’allemand. L’allemand est une langue compliquée qui n’a pas beaucoup d’analogie avec la nôtre. Il n’est pourtant pas d’intelligence, toute simple qu’elle soit, qui n’apprenne l’allemand en deux années d’une manière satisfaisante. Pour le latin et le grec ce devrait être la même chose. Il faut absolument que l’Université cherche avec zèle les moyens de sortir de ses vieilles routines.

On dit que l’étude des langues anciennes est mieux appropriée aux facultés de l’enfant que les études scientiques et que celle des langues vivantes. Si on a voulu parler de la faculté qu’ont les enfants d’apprendre les langues en se mêlant aux personnes qui les parlent, on a cent mille fois raison. Mais si on veut parler de l’étude des langues par principes, on a tort. On est très-effrayé dans le monde, quand on n’a jamais étudié ni la géométrie, ni l’algèbre, de ces grands mots, on s’en fait un monstre : mais cette étude est beaucoup plus facile que celle de la grammaire. Les règles de la grammaire sont cent fois plus difficiles à saisir et beaucoup plus subtiles.

Prenez garde, nous dit-on ; et ici se place l’objection de mon honorable ami, M. de Sade ; c’est avec ce système d’instruction qu’ont été créés et que se sont formés les hommes qui ont honoré leur siècle et leur pays : il faut respecter un arbre qui a donné de si beaux fruits.