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teurs, sans plus ample examen, ceux qui, les premiers, appelant l’expérience à leur aide, ont constaté l’existence d’un fait. D’autres ne voient qu’un mérite secondaire dans le travail, suivant eux presque matériel, que les expériences nécessitent ; ils réservent leur estime pour ceux qui les ont projetées. Ces principes sont l’un et l’autre trop exclusifs. On doit faire la part, chose toujours délicate, il est vrai, de l’importance de l’idée et de celle de l’invention. Quoi qu’il en soit, il est certain que dans les travaux faits en commun, il est bien difficile, maints exemples le prouvent, de déterminer le mérite ou la gloire qui revient à chaque collaborateur.

J’ai dit que les titres de propriété intellectuelle vraiment valables sont les titres publiés. Je dois insister aussi pour blâmer la négligence de ceux qui, ayant fait de véritables découvertes, ne prennent pas le soin d’en enrichir le domaine public par la voie de l’impression. Et quels contrastes frappants rencontre souvent l’historien des sciences ! Tel auteur, dans les séances hebdomadaires de l’Académie des sciences, demande à cor et à cri, à communiquer la petite remarque, la petite réflexion, la petite note conçue et rédigée la veille ; il maudit la destinée, lorsque les prescriptions du règlement, lorsque l’ordre d’inscription de quelque autre plus matinal, font renvoyer sa lecture à huitaine, en lui laissant toutefois pour garantie, pendant cette cruelle semaine, le dépôt dans les archives académiques du paquet cacheté. D’un autre côté, tel inventeur d’une admirable machine mourra à la peine en subissant, sans murmurer, les rigueurs du sort, et songera à peine à consigner dans quelque écrit le