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qui ferait expliquer les fables de Phèdre, sans être en état de citer perpétuellement les fables d’Ésope. »

En géométrie, nous employons souvent une méthode imaginée par les anciens, et qu’on appelle la méthode de la réduction à l’absurde. Lorsque la fausseté d’une proposition n’est pas évidente, nous la prenons un moment pour vraie ; nous en tirons des conséquences successives, et il est rare que, dans cette série indéfinie de déductions logiques, il ne s’en rencontre pas quelqu’une dont l’absurdité saute aux yeux. Ici la première suffira : il résulterait, en effet, de la prétention du dignitaire de l’Université, cette conséquence burlesque que La Fontaine, que cet inimitable La Fontaine de qui Fontenelle disait : « C’est par bêtise qu’il se croit inférieur à Phèdre ! » qu’un poëte qui fait le charme, les délices des lecteurs de tous les âges, n’aurait pas été admis à professer la sixième, à expliquer le fabuliste latin, car La Fontaine n’avait pas lu Ésope dans l’original, car La Fontaine ne savait pas le grec.

Mais, m’a-t-on dit (car j’ai abordé cette discussion loyalement, car j’en ai parlé à ceux-là même qui vont me répondre tout à l’heure), mais que voulez-vous faire du latin et du grec ? Si on nous avait soumis la question, j’aurais répondu ; mais elle ne nous est pas soumise.

Le moment viendra, sans doute plus tard, de nous en occuper, lorsqu’il s’agira de l’enseignement des colléges royaux et des écoles supérieures. Je dirai néanmoins, dès à présent, ce que, dans mon opinion, doivent devenir le latin et le grec. Ils doivent être cultivés et cultivés à fond, cultivés avec de grands développements dans les