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nécessaire. Maintenant je ne comprends pas, je l’avoue, pourquoi l’on n’accorderait pas une liberté aussi naturelle, aussi grande, aussi raisonnable aux colléges communaux. Comment n’accorderait-on pas au zèle, à la capacité, à l’intelligence des conseils municipaux, ce qu’on a accordé sans difficulté à un simple individu ?

Messieurs, nous avons beaucoup trop de tendance à croire que toutes les capacités sont réunies à Paris ; c’est une erreur manifeste contre laquelle je proteste de toute la puissance de mes convictions.

Conduit par mon goût, et souvent aussi par des missions, à parcourir la plus grande partie de la France, je ne me suis jamais arrêté dans une ville de 10, 000 ou 12, 000 âmes, sans y rencontrer des personnes instruites, capables, zélées, et même quelquefois des hommes éminents, des hommes de génie, qui étaient totalement inconnus à Paris. Ces bons citoyens, ces citoyens utiles, vivaient dans la retraite, dans leur cabinet, par la raison toute simple que l’administration n’avait pas confiance en eux, parce qu’elle ne leur aurait pas donné des occupations dignes de leur capacité et de leur patriotisme. Employez, réunissez en faisceau ces hautes intelligences aujourd’hui délaissées, et vous en verrez surgir d’immenses, de magnifiques résultats.

J’entends déjà retentir cette objection foudroyante : ce que vous proposez porterait une atteinte grave à la centralisation. L’objection est fondée, je ne saurais le nier ; voyons toutefois dans quelles limites. Je veux la centralisation, moi, je la désire, je la demande, je la regarde comme notre ancre de salut, pour le maniement de toutes