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toire, notre nationalité. Elle n’a pas laissé, elle, les armées étrangères, les armées ennemies arriver jusqu’à la capitale ; elle a porté nos frontières jusqu’aux limites naturelles de la France ; elle a créé la plupart des belles institutions qui, depuis près d’un demi-siècle, font la gloire de notre patrie. Je m’étonnerais, en vérité, qu’on ne pût pas citer ici la Convention pour ce qu’elle a fait de grand, de patriotique, d’immortel.

La Convention fut nommée par la généralité des citoyens ; la Convention me servira à prouver que la population, quand on l’appelle à exercer le droit électoral, n’est pas exclusive ; qu’elle choisit dans toutes les classes de la société ; qu’elle va chercher le mérite là où le mérite lui apparaît.

Une voix. Dans les cabarets. (On rit.)

M. Arago. L’interrupteur va voir si c’est dans les cabarets qu’on prit les membres de la Convention. Il y avait dans cette assemblée quatorze évêques, six ministres protestants… (Hilarité générale.) Riez, Messieurs, riez, mais décidez ensuite, si c’est dans les cabarets qu’on a été chercher ces personnages. (Nouvelle interruption.)

M. le président. Je ferai observer à la Chambre qu’avec ces interruptions la discussion devient impossible.

M. Arago. Je me suis proposé de prouver que le peuple sait trouver le mérite et qu’il le choisit toujours là où il croit l’apercevoir.

Eh grand Dieu, les électeurs actuels nomment aussi d’après les seules apparences ; il votent pour ce qui leur semble le mérite. Je crois qu’ils se trompent quelquefois ; j’affirme même que cela leur est arrivé.