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En Espagne on est capable avec 50 fr. de contributions. En France il en faut 200. Qu’un autre se charge de tirer de ce rapprochement la conséquence qui en découle : moi, j’en serais honteux pour mon pays, pour mes concitoyens.

On a prétendu que le peuple, si on rappelait à composer la Chambre, nommerait toujours des hommes illettrés on a même été jusqu’à dire quels cris il ferait entendre dans les colléges électoraux. Ainsi j’ai lu dans la brochure d’un publiciste, que, si on admettait la réforme telle que les pétitionnaires la réclament, l’élection se ferait aux cris de : A bas les habits, vivent les vestes !

J’ai lu ce que je viens de rapporter dans les écrits d’un des vôtres, Messieurs. Eh bien, l’histoire dément cette prévision, elle montre que le peuple n’est pas exclusif, elle montre que le peuple sait aller chercher le mérite là où il se trouve.

A Rome, le peuple sollicite le droit, peur les plébéiens, d’être élu aux fonctions curules ; il l’obtient après une lutte ardente, et continue, pendant une longue suite d’années, à ne confier ces magistratures qu’à des patriciens.

Une de nos assemblées a été nommée par la généralité du peuple : c’est la Convention. (Ah ! ah ! Murmures.) J’avoue, Messieurs, que je ne comprends pas le sens de cette improbation. Sous le règne de la Convention il s’est passé dans le pays des choses déplorables, des choses contre lesquelles je ne trouverai jamais assez de malédictions, ni dans mon cœur ni dans ma bouche. Mais, ne l’oublions pas, la Convention a sauvé le pays, le terri-