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Garde-toi donc de te préoccuper des prétendues colères que le journaliste microscopique s’imagine exciter en moi, quand il critique le plan, les détails de mes éloges académiques, ou les communications que je fais dans nos séances hebdomadaires. M. Donné ne s’est pas moins trompé, si, comme on me l’assure, il a, de temps à autre, annoncé que par ses remontrances il était parvenu à modifier jusqu’au timbre de ma voix ; s’il prétend avoir attiédi l’antipathie que la médiocrité vaniteuse et le charlatanisme m’inspirent. Il y a une très-bonne raison pour que de telles choses ne soient point arrivées : depuis plus de deux ans je n’ai pas seulement aperçu de loin un article de journal signé Donné, les nombreuses occupations qui m’accablent m’imposant le devoir de borner mes lectures aux écrits où j’ai quelque chance de trouver soit le mérite du fond, soit le mérite de la forme. J’avoue que je viens d’enfreindre cette règle, a l’occasion d’une lettre de M. Gustave de Pontécoulant. Mais, en descendant dans l’arène, ou du moins en abaissant sa visière, cet écrivain se présentait avec deux palmes académiques ; mais les titres de Membre de la Société royale de Londres, de Membre de l’Académie de Berlin, lui donnaient une sorte de position officielle qui devait éblouir des lecteurs inattentifs ; mais des personnes de bonne foi pouvaient se laisser prendre au ton d’autorité que M. de Pontécoulant s’arroge. Je vais donc répondre à l’appel qu’il a eu l’imprudence de me faire ; je vais, pièces en main, tracer sa biographie scientifique ; chacun jugera ensuite si mon silence serait, comme il l’insinue, de l’impuissance ou bien de la longanimité.