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DE FRANCE. 65

Je pus me sauver de ma prison le 28 juillet, et avec mon compagnon de captivité, M. Berthemie, mettre à la voile sur une barque qui nous conduisit à la petite île de Cabrera que nous nous hâtâmes de quitter le 29. Après la rencontre d’un convoi anglais de près de 60 voiles qui, heureusement ne nous aperçut pas, nous découvrîmes la côte de Barbarie le 1er août et nous débarquâmes à Alger ce même jour sur les quatre heures.

Nous nous embarquâmes le 8 août sur un bâtiment algérien qui partait pour Marseille. Le pilote, ou plutôt le véritable capitaine, était de Xante et se nommait Spiro-Calligero. La frégate s'appelait les Tre Fratelli. Le capitaine maure était coulouglou et raïs de la marine algérienne. Son nom était raïs Braham Ouled Mustapha Goja. L'équipage était composé d'un contre-maître vénitien, d'un charpentier de Marseille, de trois matelots grecs compatriotes du capitaine et de plusieurs matelots maures, savoir : Achmet, qui avait servi de raïs à plusieurs petits bâtiments espagnols et le plus déterminé bavard de l’équipage ; Busemach, qui ne quittait qu’avec regret son aigre guitare, pour travailler aux manœuvres ; El Maur, dont la seule occupation était de chercher à dérober quelques aliments au cuisinier du capitaine, parce que la ration ordinaire ne suffisait pas à son appétit dévorant ; et Besibsi, enfin, qui ne quittait pas sa pipe un seul instant dans la journée.

Les cinq frères Bentivi avaient été embarqués au moment du départ par ordre du dey et par suite des intrigues de David Bakri, roi des Juifs.

Le capitaine avait reçu également du ministre de la

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