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Pour étudier ensuite l’influence que la plus ou moins grande courbure des lentilles peut avoir sur les diverses circonstances du phénomène, je me suis procuré un grand nombre de ces plaques convexes-concaves de cristal de roche dont se servent les lapidaires pour faire des médaillons. En les soumettant aux épreuves que je viens de décrire, j’ai reconnu que toutes forment des anneaux avec de la lumière polarisée. Dans quelques plaques, on en voit des traces, même à la simple vue ; dans d’autres, il suffit, pour les apercevoir, de regarder à travers un rhomboïde de carbonate de chaux, ou même à travers un prisme de verre ordinaire ; pour certaines plaques, au contraire, les orbites des divers anneaux sont tellement serrées, qu’on ne les aperçoit pas, même avec un prisme de spath d’Islande ; mais, dans ce cas, on verra les anneaux se montrer, si l’on joint à ce premier prisme un autre prisme de verre ordinaire qui augmente sa force dispersive[1].

Toutes choses d’ailleurs égales, le nombre des anneaux et la largeur de leurs orbites sont d’autant plus considérables, qu’on examine les cristaux de plus loin. Aussi parvient-on par là à apercevoir des bandes à des épaisseurs où le médaillon, vu de plus près, ne présentait pas la plus légère trace de couleur. En m’aidant de toutes les précautions qui contribuent à rendre les anneaux très-apparents, c’est-à-dire en employant, pour éclairer les lentilles, de la lumière complétement polarisée ou réfléchie

  1. 1. Dans certaines lentilles, on aperçoit les anneaux dont il s’agit, par transmission, même en les éclairant avec de la lumière non polarisée. (Note ajoutée depuis la lecture du Mémoire.)