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également employer de la lumière polarisée, mais qui en diffèrent sous plusieurs rapports.

J’ai déjà fait remarquer (p. 41, 45, 50) que dans le mica et le sulfate de chaux, un changement d’épaisseur entraîne toujours un changement dans la nature des couleurs dépolarisées. J’ai pensé qu’il serait important de rechercher si, dans une substance beaucoup plus compacte, telle que le cristal de roche, le même effet n’aurait point lieu. Pour cela, j’ai pris une plaque très-pure de ce cristal, et je l’ai fait polir régulièrement, de manière qu’une de ses faces est à peu près plane et l’autre sensiblement convexe. Comme cette espèce de lentille, dans sa partie la plus mince, a plus d’un millimètre, et qu’à partir de là et en allant vers le centre, cette épaisseur varie très-rapidement, je m’attendais à ne pas y apercevoir des anneaux colorés du genre de ceux que Newton a décrits dans son Optique. Et en effet, en regardant, à travers la lentille, de la lumière non polarisée, soit à l’œil nu, soit à l’aide de prismes de flint-glass ou de carbonate de chaux, on ne voit pas la plus légère trace de couleurs. J’ai présenté ensuite la même lentille à de la lumière réfléchie par un miroir de verre ; mais alors, en l’examinant avec un prisme de carbonate de chaux, les deux images étaient ou de la même teinte, ou d’intensités très-inégales, suivant les positions des sections principales du prisme ou de la lentille. Lorsque les images étaient inégalement brillantes, on les voyait bordées l’une et l’autre de très-belles séries d’anneaux colorés.

En laissant le prisme dans une position constante, il suffisait de faire faire à la lentille un quart de révolution