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à l’image réfléchie de cet astre, et, en la faisant tourner, je l’ai bientôt amenée à la position où elle semble avoir perdu la propriété de doubler les objets. En plaçant immédiatement après le fragment de cristal devant l’objectif, j’ai vu la seconde image reparaître, mais avec une couleur rouge très-foncée, tandis que la première, qui d’abord était blanche, s’est teinte de la couleur complémentaire du rouge ; du reste, les bords des deux soleils étaient tout aussi bien terminés que lorsqu’on les observait directement.

Jusqu’à présent cette expérience ne diffère de celles que j’avais faites avec des lames de mica ou de sulfate de chaux, qu’en ce que j’ai employé un corps d’une nature différente et beaucoup plus épais. Mais on doit se rappeler qu’en faisant tourner la lame de mica devant l’objectif de la lunette prismatique, on voyait la seconde image disparaître après chaque quart de révolution. Un mouvement analogue donné au cristal de roche n’a apporté au contraire aucun changement, ni dans la couleur ni dans l’intensité des deux images[1]. Après m’être assuré de ce fait, j’ai fixé le cristal devant l’objectif de la lunette, et en faisant tourner ensuite tout l’appareil je n’ai pas eu de peine à reconnaître que pendant une demi-révolution l’une et l’autre image parcourent toute la série des couleurs prismatiques. Ainsi, le soleil rouge est successivement devenu orangé, jaune, jaune verdâtre, vert bleuâtre et violacé ; la lunette avait alors déjà fait un demi-tour : le mouvement, continué dans le même

  1. 1. Ceci tient à ce que la plaque dont je me servais avait été coupée perpendiculairement aux arêtes du prisme hexaèdre.