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prisme de cette substance auquel on avait adossé un prisme de verre ordinaire, afin de le rendre achromatique : les résultats furent toujours les mêmes.

L’expérience que je viens de rapporter semble, au premier aspect, avoir quelque analogie avec la vingt-quatrième du second livre de l’Optique de Newton, où ce célèbre physicien rapporte qu’ayant superposé deux lentilles de verre ordinaire, il ne voyait que cinq à six anneaux à l’œil nu, tandis qu’à l’aide d’un prisme il lui arriva souvent d’en compter plus de quarante. On conçoit aisément la raison de ce phénomène, en remarquant, avec Newton, que les anneaux colorés existaient déjà dans la lame d’air comprise entre les deux verres, mais qu’ils y étaient beaucoup trop resserrés pour qu’on pût les distinguer à l’œil nu : le seul effet que produisait le prisme était donc de séparer les orbites des divers anneaux, en déviant inégalement les rayons différemment colorés ; mais aucune modification de ce genre ne peut évidemment avoir lieu dans l’expérience que j’ai décrite : si les couleurs n’étaient invisibles dans le mica, à l’œil nu, qu’à cause de leur mélange, on ne devrait pas les apercevoir davantage en examinant la plaque au travers des faces parallèles d’un rhomboïde de carbonate de chaux ou avec un prisme achromatisé, puisque, dans ces deux circonstances, les rayons de diverses couleurs étant également réfractés, les teintes seraient tout aussi mélangées dans les deux images que dans la plaque elle-même vue à l’œil nu. On voit encore, pour ne m’arrêter qu’à ces deux seules circonstances, qu’on ne pourrait, par ce moyen, rendre raison ni des colorations très-diverses des